Les poudres utilisées pour l’émail sur cuivre

Les surfaces colorées d’une œuvre en émail sur cuivre sont obtenues en faisant fondre diverses poudres colorées, transparentes, opaques ou même opales. J’aimerais vous parler de la fabrication des poudres, des différentes catégories et de leurs propriétés et à quel point ce matériau est central dans la production des émaux sur cuivre.

Les poudres d’émail sur cuivre sont en fait des poudres de verre. Elles sont composées en grande partie de silice (dioxyde de silicium). Le point de fusion de la silice se situe à 1730 degrés Celsius. Lorsque la silice se vitrifie, elle forme une masse solide. Si on y ajoute des fondants (oxydes), alors la fusion de la silice se fait à des températures plus basses. Les poudres de verre colorées existent depuis des siècles. Elles contiennent des pigments. On ajoute des minéraux ou oxydes métalliques à la silice et on obtient ainsi plusieurs couleurs. Ainsi les fondants, silice et oxydes métalliques et stabilisants sont fusionnés puis, refroidis sur des plaques. Lorsque ce verre coloré est refroidi on le broie et on le pulvérise. Les grains de poudres peuvent aussi être pulvérisés à différentes grosseurs car certaines techniques d’émaillages exigent des poudres fines ou plus grossières. Selon la combinaison des éléments ajoutés à la silice, on obtient aussi des degrés variés de dureté de verre et de températures de fusion.

Poudres d'émail sur cuivre

Une partie de mon inventaire de poudres d'émail sur cuivre

Lorsqu’on utilise une technique d’émaillage, il faut parfois tenir compte du degré de dureté du verre utilisé. Lorsque je prépare une pièce avec un motif cloisonné au fil d’argent par exemple, je dois utiliser une poudre ayant un degré de fusion bas, car si le verre est très dur, cela va demander un four plus chaud et cela risque de brûler le fil d’argent du cloisonné.

C’est bien beau tout ça, mais rien n’est simple. La plupart des émailleurs que je connais travaillent avec des poudres contenant du plomb. Le plomb a deux fonctions, il abaisse le point de fusion et rend le verre plus brillant. Après avoir travaillé avec les poudres, on se lave les mains et le visage car le plomb peut s’infiltrer dans l’organisme.

Il existe peu de fabricants de ces poudres dans le monde et c’est une production plutôt artisanale. Nous avons longtemps travaillé avec les poudres Thompson qui, je pense, ne sont maintenant plus disponibles avec plomb. De plus, certaines couleurs sont devenues très rares. Alors on se tourne de plus en plus vers les poudres de la cristallerie St-Paul en France, fabricante des Émaux Soyer qui offrent encore des poudres contenant du plomb.